_/NETHERGRAD\_

Un magnifique soleil illumine la cité lacustre. Construite au-dessus de l'eau, sur pilotis, Nethergrad trône fièrement au milieu de ce qu'on a nommé la ''mer-éventrée." Pourquoi un tel nom me demanderiez-vous ? En référence à une sombre période de l'histoire, dans laquelle l'ancien continent Netharien sombra dans les abysses suite à de tragiques successions d'événements . Aujourd'hui, de cet empire, il ne reste que cette ville, et de rares colonies minières. Or, malgré toute la beauté de cette métropole, et son goût prononcé pour l'esthétisme architectural qui s'en dégage, Nethergrad vit de sombres jours...



Le chef de cet empire en décomposition est aux portes de la mort... Celui que l'on surnommé autrefois le Grand Nathar, n'est plus qu'un vieillard allongé au fond d'un lit trop grand pour lui. Son essence vitale (Ectoplasme) arrive à terme, et plus aucun sommeil en Stase ne pourra le sauver. Ses conseillers et généraux restent auprès de lui, attendant, et guettant le jour ou l'Empereur faillira... Tels des vautours autour d'une proie à l'agonie. Triste fin pour un homme si puissant autrefois et ayant bravé maints dangers !







Au petit matin, une clochette résonne dans le palais impérial. Un servant se précipite dans l'unique chambre encore habitée. Il pousse la lourde porte nacré et y découvre comme à son habitude, un empereur fatigué et allongé. Il s'approche, et sans même avoir le temps de parler, on lui demande de s'asseoir sur une chaise disposée tout près du mourant. Dans un grincement, il s'y installe. Nathar, relâche le cordon relié à l'objet bruyant. Son visage est émacié et flétri par le temps. Alors qu'il ouvre la bouche pour parler, une faible voix met du temps à en sortir.



_ Sais-tu pourquoi tu es ici ? demande l'Empereur.

_ Je l'ignore mon seigneur, répond d'une voix calme le serviteur.

_ J'ai besoin de toi. Mes jambes ne pourront plus jamais me porter... 



Une vilaine toux le dérange quelques minutes, puis il reprend.

_ Mon règne prend fin, hélas je n'ai pas encore réglé toutes mes affaires. Voilà bien des années que je rêve... il s'interrompt.

_ De quoi rêvez-vous, maître ?

_ Je rêve de revoir un jour ma femme.

_ J'ignorais que vous aviez eu une femme, Empereur...

_ Oui, la plus belle et la plus mystérieuse de toutes ! Notre liaison ne date pas d'hier tout comme ce court mariage qui a pu nous unir voilà bien des années en arrières... Une querelle stupide nous a séparées. Plus jamais nous nous sommes adressés la parole !

_ Est-elle seulement en vie aujourd'hui ? demande le servant d'un ton précipité.

_ Je le pense. Contrairement à moi, une étrange technologie lui fit don d'immortalité... Hélas, j'ignore où la trouver. Avant d'être dans cet état-là, j'ai envoyé plusieurs émissaires à travers le monde. Sans succès. Les ruines de l'Opéra n'abritent plus d'âme depuis un temps certain. Toutefois, j'ai en ma possession un artefact qui pourrait révéler des réponses, pour un homme instruit et jeune...



Nathar s'interrompt à nouveau et pointe mollement le tiroir d'un bureau en ébène sculpté. L'homme assis à ses côtés se lève instinctivement, et rejoint le lieu indiqué. Il tire non sans mal le lourd tiroir et en sort un objet couvert d'un voile léger. Étonné, il montre sa découverte au vieil homme, et sur un hochement de tête, il retire le tissu. Il reprend sa place et donne ce qui semble être un masque en porcelaine à son empereur.



_ Voilà la seule chose qu'il me reste d'elle... L'un de ses masques qu'on lui cousait à même le visage. Une étrange tradition que je n'ai jamais réellement comprise. Néanmoins, un bel objet sur une magnifique femme. Lorsqu'elle me l'a offert, je n'y ai vu qu'un cadeau à exposer sur un mur. Un souvenir. C'est bien plus tard, que j'y ai remarqué des inscriptions gravées à l'intérieur. J'ignore ce qu'elles veulent dire. Toutefois, pour une raison qui m'échappe, j'ose croire qu'elles indiqueraient la position de mon ex-femme...

_ Ainsi voilà pourquoi vous m'avez appelé, mon seigneur ? demande-t-il, en cachant son excitation.

_ Oui, comme je te le l'ai dit, je refuse de mourir sans la revoir une dernière fois. Rends-toi au musée Impérial, et confie cet objet au meilleur scientifique, archéologue ou que sais-je encore, qui sera capable de déchiffrer ses mots et se mettre en quête de ma Dilva !